Dominique Neuenschwander, skieur extrême de haut niveau, ayant à son actif un grand nombre de premières dans les Alpes et en Himalaya, a réalisé un nouvel exploit sur la plus haute chaîne de montagnes du monde, mais cette fois-ci il n'était pas seul. Il a amené toute une équipe de ADN CH (Genève) à la réalisation de 3 records du monde de plongée à très haute altitude!
La plongée à très haute altitude (> 3500 m) expose le corps humain aux contraintes d'un milieu hyperbare dans un environnement hypobare. La pression atmosphérique chute de manière grossièrement linéaire avec l'altitude pour atteindre 50% à 5486 m (0.5 bar). Cette réduction de pression nécessite une adaptation des tables de plongée car le risque de maladie de décompression est accru. Le risque de barotraumatisme est également augmenté et la vitesse de remontée doit être très lente. Des calculs de tables en fonction de l'altitude peuvent être modélisés. Cependant ces tables théoriques ne peuvent être utilisées sans tenir compte d'autres paramètres, en particulier l'acclimatation du plongeur à l'altitude.
L'altitude entraîne chez l'homme de multiples modifications physiologiques et peut occasionner le mal des montagnes à divers stades (mal aigu des montagnes, œdème pulmonaire, œdème cérébral, mort) en relation avec l'hypoxie (à O2) hypobarique. L'acclimatation est un phénomène complexe et individuel, sans relation avec la condition physique et doit se faire selon des procédures strictes bien validées. Une mauvaise acclimatation avec une saturation en oxygène de l'hémoglobine basse, associée à des symptômes du mal des montagnes expose le plongeur à des risques accrus d'accident de plongée en altitude, indépendamment des calculs des tables de plongées. Ceci est particulièrement vrai à la remontée. Dans une plongée lors de la descente, la pression partielle d'O2 de l'air inspiré augmente de manière importante et le confort respiratoire pour le plongeur d'altitude est nettement amélioré par rapport à la surface. Mais cette pression diminuant à la remontée, le plongeur passe brutalement d'une " altitude " inférieure au niveau de la mer à une très haute altitude en l'espace de quelques minutes. Ces changements rapides peuvent être à l'origine de modifications cardio-respiratoires dangereuses, majorées éventuellement par un effort durant la plongée, ceci étant d'autant plus vrai que le plongeur sera mal acclimaté à l'altitude.
Outre l'hypoxémie hypobarique et ses conséquences multiples, la très haute altitude confronte le plongeur à d'autres difficultés : l'hypothermie de l'air et de l'eau, le stress d'un milieu hostile et de plongées inconnues, le choix et la fiabilité du matériel technique, l'accès aux lacs plongés, l'accessibilité des secours, l'éloignement de structure médicalisée capable de gérer un accident de plongée.
La plongée à très haute altitude dépasse donc largement la problématique d'une modélisation des tables de plongées. Elle est une aventure à risque et demande une préparation minutieuse. Le plongeur doit être en excellente condition physique, entraîné à la plongée en altitude et son acclimatation doit être progressive et tolérée. Un examen médical approfondi par un médecin familiarisé avec les particularités des médecines de plongée et d'altitude est nécessaire.
La réalisation en Himalaya d'une "Première" et "Véritable" (1) plongée en scaphandre (2) à très haute altitude. La récolte de données scientifiques d'ordre biologique, médical mais surtout technique (matériel spécifique à la plongée). Les conditions extrêmes rencontrées (altitude, éloignement, température de l'eau, etc.) font de cette expédition un des événements majeurs de cette discipline.
1: selon les normes internationales d'homologation minimum (profondeur, durée, etc.). Donc certains lacs volcaniques de moins de 4 mètres de profondeur, ne peuvent bien évidement, pas être pris en considération...).
2: plongées à l'air, sans aucune utilisation d'oxygène (extérieur et/ou en immersion), ni mélanges (nitrox, trimix, etc.).
4 Instructeurs de plongée:
Dominique Neuenschwander (Chef d'expédition - Instructeur responsable)